Retour sur le salon du Vrac et du Réemploi

13 mai 2024… 6ième édition

Lundi matin, quelques minutes après 9h00…

J’ai mon sac à dos, ma gourde, mes sacs à vrac, ma sacoche… je suis prête à prendre mon vélo ! Direction le parc floral de Paris.

La 6ième édition du Salon du Vrac et du Réemploi commence à 10h00, mais je me connais : la côte et mon sens de l’orientation auront raison des 30 minutes de parcours annoncées par maps.

Et en effet, j’arrive à l’accueil du salon juste à l’heure. Il n’y a pas foule encore, j’aime cette ambiance avant l’effervescence. Je croise Célia, la directrice du réseau, beaucoup plus pressée que moi. Elle doit être là depuis des heures, et dans quelques secondes, elle fait le discours d’ouverture !

Je me dirige vers le grand hall et presque sans surprise, j’apperçois Bruno et Christel de Simplement Vrac à Noisy le Grand, Arsène de Vrac & Boc à Saint Ouen et une nouvelle tête, David qui vient de reprendre l’épicerie de Chelles q’uil a renommé Le Vrac Retrouvé. On discute, on se donne les nouvelles, on fait connaissance avec le petit nouveau… Ça fait du bien d’avoir du sang neuf après ces deux années de fermeture d’épiceries.

Allez, c’est pas tout ça les copains, on a des fournisseurs à voir et des nouveautés à découvrir !!

Les stands fournisseurs

Je passe la porte du grand hall et mes yeux se posent de suite sur Ludvina, la créatrice de Pachamamaï. Elle représente toujours la marque, pour Paris Dôme à présent, qui l’a racheté il y a un peu plus d’un an. Je lui raconte les problèmes rencontrés depuis. Elle est très à l’écoute. Elle m’explique les reformulations. Je prends note et poursuis mon chemin.

Mon cerveau commence son scan. Je classe les fournisseurs en plusieurs catégories :

  • Les fournisseurs que je connais et avec qui je ne souhaite pas travailler.

Plusieurs raisons possibles : je travaille déjà leur gamme de produits avec des supers fournisseurs, difficile d’entrer un nouveau fournisseur pour un produit (question de minimum de commande), ils ne sont pas en Bio, je ne partage pas tout à fait les mêmes valeurs, etc… Et puis parfois, on se souvient qu’il faut qu’on étudie une nouvelle gamme, déjà repéré l’an dernier, comme en passant devant les rhums de la La Distillerie Tessendier.

  • Les fournisseurs que je connais et avec qui je travaille.

J’essaie de m’y arrêter pour dire bonjour et découvrir leurs nouveautés. C’est ainsi que je goûte (et regoûte, j’avoue) :

– Aux nouveaux sablés DAO : curry, comté sésame, noix de cajou… je valide et vous les proposerai bientôt

– Aux macarons à la noisette de l’Oie Gourmande, qui ont beaucoup plus de saveurs que ceux à l’amande et qui les remplaceront.

Il n’y a pas toujours de nouveautés, mais il y a toujours de chouettes échanges. Il y a des stands que je ne louperai pour rien au monde : Applymage, Supersec, Apimani, Azade, La Ferme du Point du Jour, La cagette Bio

On échange sur l’année écoulée et on y croise d’autres épiciers connus. L’occasion d’emballer les discussions : les blagues fusent, on se taquine, on rit de nos problèmes, on partage nos solutions. Et parfois, on valide un nouveau projet avec Aventure Bio… (haha, vous voulez en savoir plus maintenant ?)

  • Les fournisseurs que je ne connais pas et qui m’interpellent

C’est ainsi que je discute avec la Maison Brieuc qui fait des biscuits bretons mais surtout du caramel ! Le conditionnement n’est pas idéal et il faudra que j’étudie leur franco, mais depuis le temps que je rêve de caramel à la boutique, je ne pouvais pas passer à côté sans m’arrêter.

Je passe ensuite devant Sacasalades. Une cliente m’avait parlé d’eux alors je m’arrête pour en savoir un peu plus. Les produits sont intéressants, mais j’ai peur que le prix soit un frein. A réfléchir (sous entendu, ça va trainer un moment dans un coin de mon cerveau).

En face se trouve Terres du Pays d’Othe. C’est une coopérative de producteurs de légumineuses Bio en Bourgogne portées par des valeurs fortes. Je tombe sous le charme mais refuse de travailler avec eux alors que je travaille déjà en direct avec Cédric de La Ferme de Fontaine dans le 77.

Dans l’après midi, je passe échanger avec le vigneron de Le Pêch d’André dont Azade vient d’ajouter ses vins à son catalogue. J’ai le droit à une petite dégustation et la personne à ma droite a l’air de s’y connaître bien mieux que moi. Nos questions ne sont pas du tout sur le même registre, c’est à la fois drôle et enrichissant. Alors qu’elle parle de fruité et d’amertume, je parle de biodiversité, de mode de culture et d’adaptation au changement climatique. Là aussi, leurs valeurs me donnent le sourire.

Je m’arrête également chez Sunshine, fournisseur de chocolat basé à Morlaix, avec qui j’ai déjà échangé par mail et téléphone. Je leur confirme ma volonté de travailler avec eux et mon besoin de faire quelques aménagements à la boutique pour cela. Pas grand chose, mais ça traine. En signe d’accord, je repars avec quelques tablettes de chocolat.. y a des avantages à mon métier !

Je termine ma tournée chez Endro. Avec Boris, le créateur de cette marque de cosmétiques, c’est une longue histoire qui nous ramène à Marseille en 2020. 4 ans que je lui dis que je travaille sa gamme avec des fournisseurs que j’adore, en local. 4 ans qu’il espère m’avoir en client. C’est devenu le running gag du salon. Et cette année, peut-être, les cartes seront redistribuées, surtout qu’il fait à présent une gamme de soins pour la peau en flacons consignés… Je lui prend un shampoing solide. Il prend mes coordonnées. A suivre…

Cette année, je ressens comme une double ambiance au salon. D’un côté, je retrouve mes habitudes Vrac qui me donnent la pêche. Et de l’autre, je découvre le monde du réemploi. En effet, l’an dernier, l’association Réseau Vrac a fusionné avec l’association Réseau Consigne. Le salon intègre donc tout un nouveau panel de solutions, plutôt à destination des industriels ou de la restauration. On ne joue pas dans la même cour. C’est assez étrange de voir écrit en énorme Plastorex au dessus d’un étalage de vaisselle en plastique réutilisable alors que l’on prône le Zéro Déchet. En en même temps, il fait partie des solutions pour le réemploi. Ces nouveaux stands me font sortir de ma bulle et m’interroger sur les niveaux d’échelles.

La fusion se ressent également par l’importance des conférence sur le réemploi. J’en avais noté 7 dans mon agenda. J’en assisterai à deux… A croire que papoter avec les gens a été prioritaire !

Les conférences

La dégustation des nouveaux sablés DAO m’a fait louper la conférence « Pas de traça, pas de réemploi ». J’écourte ma discussion avec Benjamin et Adrien de la cagette Bio pour ne pas louper également la conférence « Le réemploi : état des lieux réglementaire et enjeux d’affaires publiques ». Je m’excuse en passant auprés de Pauline de l’épicerie Ty Vrac à Trégunc, de Delphine de Au Local à Rosporden et de l’équipe d’Applymage : « je vais à la conférence, je vous vois après ! ».

Je comprends un mot sur deux aux acronymes du réemploi et au discours politique, je regrette un peu de ne pas être en train de rigoler avec mes collègues bretons, mais je reste. Des choses se jouent ici aussi !

Quand on sait que 80% de l’impact environnement vient de la production de biens neufs (selon RCube), on comprend les enjeux. Je retiens que la loi AGEC a permis de faire entrer le réemploi dans les différentes filières économiques. La responsabilité des metteurs sur le marché a été élargie, ce qui les poussent à l’éco-conception et au réemploi. Nous sommes encore aux balbutiements, c’est poussif chez certains, mais les filières sont en marche et ça c’est positif. Il y a un grand changement de mentalités à opérer, tant au niveau des industriels que des utilisateurs. Cela va prendre du temps et demander beaucoup de communication.

Je note dans un coin de ma tête de me procurer le Livre Blanc du réemploi, réalisé par RCube, la fédération du réemploi. Je découvre de nouveau acteurs d’une économie durable, ça fait plaisir.

12h30, on change de sujet : Les tendances de consommation du vrac et du réemploi.

Malgré un intérêt toujours présent, le vrac peine et le moral des français n’a jamais été aussi bas depuis 40 ans : inflation et tensions budgétaires, contexte social compliqué, réchauffement climatique, conflits internationaux, etc.

1 foyer sur 2 est fragilisé (contre 20% en décembre 2021) et de manière général, 22% des français continuent à limiter les dépenses en nourriture et autres produits essentiels. Pour autant, la prise de conscience environnementale n’a pas disparue et 76% des français déclarent que l’on a absolument besoin de réduire notre consommation d’emballages.

Aujourd’hui, le vrac est plébiscité car il permet d’acheter la juste quantité, et donc de maitriser son budget et de moins gaspiller.

A 19h00, alors que le salon se vide de ses visiteurs, les meilleurs restent : les adhérents à Réseau Vrac et Réemploi. C’est l’heure de l’assemblée générale !

C’est l’occasion de faire le point sur la fusion. L’année qui vient de s’écouler a permis de faire évoluer les outils, d’intégrer tous leurs documents dans nos médiathéques et de comprendre les besoins des différents acteurs. Maintenant, il faut poursuivre les actions.

Côté épiceries vrac, les cafés du commerce où des thématiques liées à notre quotidien sont abordées entre épiciers et les webinaires thématiques plus généraux seront maintenus.

L’association continue son travail de lobbying (et oui, nous aussi on sait faire). Depuis 2020 et la loi AGEC, Réseau Vrac et Réemploi est clairement identifié comme l’acteur représentant la filière et porte la voix des adhérents auprès des politiques. Elle mène également des actions de sensibilisation en région et de communication auprès du grand public. Mais oui, rappelez vous… En Mars, c’est le mois du Vrac et du Réemploi ! Et la nouvelle bataille : monter un dossier pour avoir une emoji Réemploi !

L’assemblée prend fin par le traditionnel vote du budget et l’élection des représentants du conseil d’administration, séparé en trois collèges :

  • Fournisseurs : Nicolas Soubelet de Ma Bonne Etoile, Ludvina Sanchez de Pachamamaï, Mathier Guiot du Comptoir des Lys, Gabrielle Verjus d’Azade, Christophe Pelé Guillemain d’Ecoscience Provence, Thierry Chiesa d’Ekibio
  • Apporteurs de solutions : Shu Zhang de Pandobac, Hugues Pelletier de Petrel, Stéphan Arino de Tomra, Alexis Dusanter de Bocoloco, Célie Couché de Bout à Bout
  • Distributeurs : Didier Orainta de day by day, Pauline Douguet de Ty Vrac, Benoit Bellavoine de Le Fourgon et Salomé Géraud du Drive tout nu.

Côté distributeur, j’espère que la diversité de nos représentants apportera une belle synergie et de chouettes projets. En effet, Didier, ancien commercial chez Carrefour a créé la chaine d’épiceries Day by Day, Benoit représente un acteur du Zéro Déchet en livraison à domicile au niveau national alors que Salomé est sur un crédo similaire mais à une échelle plus locale et Pauline tient avec dynamisme sa petite épicerie indépendante à Trégunc.

Avant de partir…

Les formalités terminées, il est temps d’aller poursuivre nos discussions autour d’un verre. Je débute la soirée en compagnie de Léa de l’Ilot Gramme à l’Ile Saint Denis que j’avais accueilli en immersion il y a quelques années et Diane de l’épicerie Bagnolet. On discute également avec Maryline, formatrice chez Réseau Vrac puis un peu plus tard Augustin en charge de la relation adhérent.

A leur départ, je rejoins une autre tablée : et c’est repartit pour un tour, Pauline qui veut raconter pour la troisième année consécutive le lien qui nous lie (un client commun) se fait couper la parole. Que cela ne tienne, j’ai une nouvelle anecdote : la maison qui abrite aujourd’hui son épicerie appartenait au grand-père d’une de mes clientes ! Le monde est vraiment petit ! Je glisse légèrement vers la droite pour aller confirmer ce fameux nouveau projet avec Aventure Bio avec Pierre de l’épicerie Petit Pois Carotte à Angers. Puis, je me translate à nouveau vers la droite… Je suis à deux doigts de travailler avec Endro, Boris est à deux doigts de payer la tournée promise l’an dernier si cela arrivait. Alexis et son équipe d’Apimani, Delphine et quelques nouvelles têtes ne disent pas non. Au cas où, ils recommandent un verre et je m’eclipse doucement.

Avant de partir sur mon vélo je salue Simon d’Aventure Bio et quelques autres têtes connues du Réseau.

Je fais quelques mètres aux côtés d’Adélaïde & Pierre, avec qui j’étais déjà rentrée l’an dernier, non sans peine. Je repars épuisée, un grand sourire aux lèvres. Demain, ouverture à 9h30, la journée va être longue ! La semaine va être longue ! Mais ça en valait la peine.

Et si vous avez lu le récit de cette belle journée en entier, bravo ! Vous méritez peut être aussi que je vous paie un coup à boire. J’espère en tout cas vous avoir permis de mieux comprendre le lien qui nous unis dans cette petite bulle de vrac.

Vrac’ment,

Nathalie

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