Tout savoir sur la consigne

Un peu d’histoire

La consigne consiste à remettre en dépôt un objet, parfois via une rétribution financière, pour que celui-ci soit réutilisé.

Sa pratique est largement répandue jusqu’à la deuxième moitié du XXe siècle. Les années 1960 marquent l’avènement du plastique à usage unique si « fantastique ». Présenté comme un véritable gage de modernité, il fait peu à peu tomber le verre réemployable en désuétude. Au début des années 1990, les producteurs sont obligés de prendre en charge la fin de vie de leurs emballages. Ils préfèrent alors délester le poids lié aux multiples cycles de vie et payer une taxe auprès des collectivités territoriales qui s’occuperont de leur tri, recyclage ou incinération.

La consigne est officiellement abandonnée en 1999 mais certains résistent : 25 millions de bouteilles en verre consignées circulent chaque année en Alsace, et le secteur CHR (Cafés Hôtels Restaurants) maintient cette pratique pour 40% de ses bouteilles.

Depuis quelques années, la consigne et sa logique vertueuse reviennent sur le devant de la scène. En France, la filière du réemploi compte déjà près de 1000 sites allant du point de collecte aux centres de lavage et plus de 2000 emplois directs non délocalisables !

Que dit la réglementation ?

La loi AGEC fixe des objectifs de réemploi de 10% en 2027. Alors que ce chiffre peut sembler peu ambitieux, il faut prendre en compte qu’il s’agit de réemploi sur toutes les filières. Une étude de l’ADEME montre que les potentiels à horizon 2027 sont bien différents en fonction des activités :

– Cafés Hôtels Restaurants (CHR) : 80%.

– Fruits et légumes, restauration collective : 50-80%.

– Bières et cidres : 25-35%.

– Riz, pâtes, légumes secs : 15-25%.

– Boulangerie, colis de livraison, céréales, biscuits : 10-15%.

– Produits laitiers : 5-10%.

– Viande, poisson, eaux, lait, sucre, farine : 1-5%.

– Surgelés, produits pharmaceutiques : 0-1%.

En moyenne, le potentiel est de 10% en 2027 avec les boissons qui tirent le marché vers le haut, et jusqu’à 25% à moyen-long terme grâce à l’épicerie.

La loi AGEC fait un focus particulier sur le plastique. Elle fixe en effet des objectifs de réduction de 50% des bouteilles en plastique à l’horizon 2030 et de suppression des emballages plastiques à usage unique pour 2040.

La consigne chez Couleur Vrac

Consigné ou pas consigné ? Quand vous achetez un produit chez Couleur Vrac, la règle est simple, c’est consigné ! Et oui, certains produits ne se font pas en vrac, ou bien à des conditions que je ne trouve pas pertinentes. Dans ce cas, place à la consigne !

81 produits sont ainsi proposés : 27 boissons sans alcool (jus de fruits, soft, eau…), 22 boissons avec alcool (bières, vins, cidre), 10 plats et desserts cuisinés (frais ou à température ambiante), 8 apéros (olives et tartinables), 14 glaces, 7 produits cosmétiques (baumes hydratants et déos) et 6 produits détergents (cristaux de soude, acide citrique, percarbonate…).

Il faut admettre que c’est un choix contraignant. Certains produits sont impossibles aujourd’hui à trouver en emballage consigné, comme les petits pots pour bébé, les compotes, le ketchup ou la mayo. Mais j’aime à croire que refuser des fournisseurs sur ce critère fera évoluer les choses !

Emballage jetable ou consigné, quelle différence ?

Je vous invite à découvrir cette vidéo de Zerowastechef. Prenez le temps d’aller jusqu’au bout, elle montre avec une efficacité redoutable notre illogisme environnemental.

Certains imaginent que l’on peut utiliser un emballage jetable pour faire de la consigne. Et non, désolé, ce n’est pas si simple.

Par soucis d’économies (et parfois de réduction de son empreinte environnementale), les bouteilles et bocaux ont vu leur poids fondre au fil des années. Objectif, être le plus léger possible tout en résistant aux contraintes industrielles et de transport.

Une bouteille consignée aura des contraintes techniques plus importantes, car elle subira plus de transport, plus de convoyage et remplissage, plus de manipulations et nettement plus de nettoyage. On estime qu’elle aura environ 25 vies !

Il y a d’autres critères auxquels il faudra faire attention, notamment par rapport à l’étiquette : il faut qu’elle tienne suffisamment bien pour remplir sa mission jusqu’à chez vous et qu’elle s’enlève facilement au lavage. Le choix du support et de la colle est primordial.

Quel coût ?

Le prix de la consigne chez Couleur Vrac varie de 0€ à 1€. Je répercute à l’identique le prix fixé par les fournisseurs.

Leurs calculs sont bien plus compliqués, et j’avoue n’avoir jamais trop creusé le sujet avec eux.

Un emballage jetable a un coût : celui de sa fabrication et de son transport.

Un emballage consigné a lui aussi un coût : celui de sa fabrication, de son transport vers le fournisseur, de son transport vers le centre de lavage (souvent en passant par chez le fournisseur) si le fournisseur n’est pas équipé, de son lavage, de son retour chez le fournisseur.

Le fournisseur fait ensuite de savants calculs pour connaître ses coûts de revient et ses surcoûts éventuels. Si la consigne est remboursée, cela montre que le modèle économique est aussi pertinent que le modèle écologique (ou que les fournisseurs ont très envie de vous inciter à cette belle initiative).

La consigne consommateur

Je travaille avec 7 fournisseurs pour vous proposer des produits en consigne, dont Azade qui est vraiment le spécialiste.

Grâce à lui, votre geste de retour d’emballage devient concret puisqu’il nous livre quelques chiffres.

Le taux de retour sur les jus de fruits, limonades, colas et eau en 2023 a été de 85%, ce qui est excellent (rappelez vous les objectifs de la loi AGEC). Pour vous permettre de comparer, la moyenne de ses clients est à un peu plus de 50%. Bravo et merci !

L’impact environnemental pour une bouteille de 75cl correspond à une économie de 33% d’eau, 75% d’énergie et 79% de Gaz à effet de serre ! C’est fou non ?

Les bons gestes

Vous rapportez vos contenants, et c’est vraiment génial ! Merci à vous.

A votre avis, combien de temps se passe-t-il entre le moment où vous finissez votre bouteille et celui où elle est lavée et désinfectée ?

Faisons une petite estimation… Un contenant peut rester :

– Chez vous : entre 1 jour et 1 mois, en moyenne 1 semaine.

– Chez moi : entre 1 jour et 6 mois, en moyenne 3 semaines.

– Chez le fournisseur : entre 1 jour et… je ne sais pas.

Au mieux, en 3 jours, emballé c’est plié, votre bouteille est prête à être réutilisée. Soyons honnêtes, on est plus près de quelques semaines d’attente, voir quelques mois.

Il est donc primordial de rapporter un contenant propre avec son bouchon. Le risque de développement bactérien, microbien ou fongique est très élevé. Cela implique une utilisation de détergent plus importante et la possibilité de ne pas pouvoir réutiliser l’emballage. Ça serait dommage après tant d’efforts, non ?

Alors une fois fini, pensez à rincer votre contenant et le laisser sécher la tête en bas.

La consigne amont

Ma conviction : la réduction des emballages ménagers ne doit pas provoquer une augmentation des emballages en amont. Sinon, on déporte le problème.

Mon travail : réduire les emballages amont en travaillant avec des fournisseurs engagés dans une démarche de réemploi. C’est le cas de 17 d’entre eux, soit plus d’un quart de nos partenaires : Azade, Les brasseries Deck et Donohue et La Parisienne, Ferme de Villezanges, Herbabulle, L’abeille Hurepoise, L’Héritier, La cagette Bio, Le temps des oliviers, Les traditions de Malo, Naturasphère, Savons Arthur, Superfernand, Symbiose, Terra Kahwa, Terre et Fourchette et Un p’tit coin de savonnerie. Sans compter ceux qui font un réel effort pour réduire leurs emballages au strict nécessaire ou réutiliser de vieux emballages, dont Délicieusement Bio, Doux comme du Coton et Les cartes de Lulu.

Antoine et Matthieu, cofondateurs de Symbiose Reims, fournissent par exemple leurs produits détergents (lessive, liquide vaisselle, nettoyants…) en bidons de 20L consignés. Ils ont estimé à 45 000 le nombre de remplissages réalisés en 2023 par tous leurs clients, soit 3 tonnes d’émissions de CO2 évitées. De mon côté, j’avais fait le calcul pour 2022 : grâce à vous, 5020 bouteilles ont été économisées, soit 271 Kg d’emballage plastique. Et comme les formules sont concentrées, l’économie réelle est encore plus grande !

Autre exemple, Stéphane qui nous livre tous les jeudis ses excellents œufs frais sur des plateaux consignés (et non pas en argent): en 2023, l’utilisation de ces plateaux a permis d’économiser 146 Kg de carton. Et en réutilisant 3705 boîtes à œufs, 11Kg de carton ont été économisés en complément !

Et demain ?

La consigne est-elle l’avenir de l’Homme ?

Évidemment ! Les exemples que je vous ai fournis et le projet Hub Vrac auquel j’avais participé en 2020 (qui visait à mettre en place un réseau de consigne amont à l’échelle nationale) le prouve : les bénéfices environnementaux sont indéniables, même si le coût est parfois une contrainte non négligeable.

Alors que 88% des personnes interrogées sont favorables au retour de la consigne, quels sont les freins ? A mon avis, on peut pointer du doigt le manque d’ambition des pouvoirs publics et la pression des grands acteurs du jetable. Face à cela, à nous, citoyens, de faire les bons choix et de soutenir les bonnes filières !

Ne l’oublions jamais, les solutions existent !

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